Le costume de fête de la matelote à partir du XIX ème siècle

Comme la plupart des costumes de fête des provinces françaises, le costume de cérémonie de la matelote boulonnaise connaît une évolution marquée par deux points forts: une coiffe dont le volant de dentelle frontal s'épanouit progressivement en 50 ans (1840 à 1890) pour donner naissance au "soleil"; et d'autre part, un changement de couleur dominant du costume vers des teintes plus sombres (du rouge vers le noir, bleu foncé, bordeaux) compensée par des châles aux couleurs plus chatoyantes et une parure de bijoux plus imposante.
Jusque vers 1870, la jupe est plutôt courte (juste au dessous du genou) et de couleur rouge. Le caraco est marron ou rouge. Le châle, appelé également mouchoir est assez court et à motifs de cachemire. Un tablier de fine toile "beurre frais" rehausse l'ensemble. La matelote porte des bas de laine de couleur lilas et toujours ses fameux patins!. Ce costume se dénommait "Carmagnole", un nom dont nous n'avons pu jusqu'à aujourd'hui trouver l'origine.

A partir de 1880 (influence de la mode bourgeoise ou volonté de se démarquer du costume des matelotes du Portel , bourg de pêcheurs distant de 5 kms de Boulogne à la mentalité particulière?), la matelote porte une robe te un caraco (à col officier) de couleur foncée. Un châle de soie frangé et brodé, de couleur vive (crème, vert, bleu roi, vert amande) croisé sur la poitrine, maintenu par un tablier de soie ou en moire. Sur la tête le grand soleil en dentelle de Valenciennes ou de Malines set mis en valeur par "les milanos", la grande chaîne de cou à barillet, la bague dite "noeud d'amour" et la croix en or ; le tout formant "les dorlots" (nom donné à la parure de bijoux que le fiancé offrait à sa promise avant le mariage). Aux mains des mitaines noires ou blanches. Bas noirs et mocassins aux pieds. C'est ce merveilleux costume que les dames et jeunes filles de notre revêtent avec une émotion toute légitime. Il est encore porté de nos jours par les dames de la Marine du quartier de Saint-Pierre lors des cérémonies religieuses (bénédictions de la mer, processions).

Le "Soleil" se portait également, en dehors de ces cérémonies, avec un caraco en tissu imprimé (avec motifs de fleurs, impression cachemire...) lorsque nos matelotes étaient de sortie sur les quais ou dans le centre commercial de la ville : sur des cartes postales de l'époque, on les retouve ainsi avec la légende: "matelote en toilette de ville". Pour la petite histoire, il faut savoir qu'une coiffe très ressemblante à notre "soleil" existe en Alsace dans la petite ville de Meistratzheim.