Le costume de travail de la matelote du XIX siècle aux années quarante

Dans la première moitié du XIX siècle, nos matelots pratiquant" la pêche aux cordes"; leurs femmes allaient chercher les vers dans le sable ("pour haquer et parer les califets") et pratiquaient le métier de verrotière.
La verrotière portait une coiffe en coton blanc amidonné appelée "cornette", un caraco blanc en grosse toile à manches longues sur lequel elle rajoutait l'hiver un autre caraco de tissu plus épais, et de couleur sombre. La jupe était à rayures noires et blanches, avec des poches nouées autour de la ceinture dans lesquelles elle mettait son mouchoir à priser. Un tablier de couleur bleue protégeait le devant de la jupe. Pieds nus, la matelote portait néanmoins de grosses chaussettes sans pied jusqu'au mollet afin de se protéger du froid.

Lorsqu'elle allait cueillir des moules sur les rochers ou lorsqu'elle allait à "sautrelles" (à la pêche aux crevettes), la matelote portait un costume très proche de celui de la "verrotière", sauf qu'elle substituait à sa coiffe un grand "fichu" (foulard), qui lui protégeait bien la tête et le cou de la vigueur de l'air marin.

Pour aller vendre ses moules, ses crevettes et ses poissons aux "bourgeois" de la ville, nos matelotes chaussaient des patins, sorte de mule en bois recouverte sur le devant d'une bande de cuir noire vernie. Ainsi selon Jean Langelier , de son état bonnetier à Boulogne sur mer "la matelote se sert plus facilement de ses patins qu'une élégante de ses talons Louis XV, car ce fameux patin lui permet non seulement de déambuler à son aise, mais aussi de valser et même lui tien lieu d'arme offensive dans les querelles intestines." Nous avons retrouvé le même type de chaussure au Portugal

.Dès la fin du XIX ème siècle, le développement à Boulogne d'un type de pêche "industrielle" a créé de nombreux emplois dans les ateliers de marée. Nos matelotes ont donc progressivement délaissé les métiers de verrotière, sautrière, moulière, au demeurant très "durs" pour aller travailler à l"atelier", où leur salaire était garanti. Leur costume subit quelques évolutions: la matelote porte toujours la cornette, puis le port de celle ci s'estompe progressivement pour disparaître après la première guerre mondiale. Par contre, jupe et caraco (de couleur grise, ou marron capucin) façon "matelote" et patins résistent à la mode presque jusqu'aux années précédant la dernière guerre.